Avant de passer le relais à d’autres auteurs, Van Hamme s’offre un dernier baroud dans l’univers qu’il a créé. Univers dont il est tellement familier qu’il peut s’y ébattre à son aise et s’autoriser une récréation avant de conclure en reprenant ce qu’il a déjà imaginé…
Pour la récréation, qui n’en est pas vraiment une, il quitte le continent américain et revient de ce côté-ci de l’Atlantique. En Irlande, plus précisément. Et pour que le dépaysement soit complet, ce n’est plus Vance qui est aux crayons mais Jean Giraud, excusez du peu ! Il fallait au moins celui-ci pour remplacer celui-là.
La version irlandaise est publiée en 2007. Elle se présente sous la forme d’une discussion, la confession de Kelly Brian à son ami Jason Fly. L’histoire de sa vie… Depuis ses premières prises de conscience lorsqu’il s’appelait Seamus O’Neil jusqu’aux dernières années où il a côtoyé son camarade à l’université de Boulder.
L’histoire part de la fameuse grève de la faim des dix de Belfast pour se liée au destin de Jason Fly/MacLane. Une nouvelle fois, Van Hamme inscrit son histoire dans l’histoire récente. Il suit les pas des républicains irlandais. Et notamment ceux de ce jeune homme dont le père meurt en prison. Seulement, l’engagement dans la lutte qu’il choisit se révèle violent et parfois sans pitié… Le doute s’instille en même temps qu’une romance tourne au drame.
C’est une intrigue qui a plus à voir avec un destin individuel dans la lutte choisie. C’est un album à part dans la série. Non seulement parce qu’il est dessiné par un autre mais aussi parce qu’il s’attache à un personnage en marge de l’histoire de XIII et qu’il nous propose son histoire en un seul opus.
Le dessin de Jean Giraud est moins neutre, moins austère que celui de Vance. Plus chaleureux. Il convient au destin de Seamus O’Neil, emporté dans le courant de l’Histoire tout en cherchant vivre son adolescence puis son entrée dans l’âge adulte comme les autres…
Le changement de dessinateur offre à Giraud la possibilité d’inventer les traits du visage de XIII, celui d’avant son opération, celui que nous n’avions jamais vu jusque là.
Et cette fois, nous savons pourquoi Jason Fly ou Seamus O’Neil est parti à Cuba après avoir, déjà, croisé Jessica Martin.
La même année paraît l’ultime opus imaginé par le duo Vance – Van Hamme. C’est Le dernier round.
Pour ce dernier opus, XIII et ses compagnons vont se trouver devant une obligation. Après une dernière tentative, ils doivent se rendre à l’évidence, ils ne peuvent plus fuir sous peine de semer les morts à leur suite. Nous les retrouvons au Mexique et, après un dernier baroud sanglant, Washington devient le centre de l’intrigue. La couverture nous l’annonçait, Jason MacLane va, cette fois, devoir affronter le Capitole et ses politiques.
Tandis qu’en coulisse, certains tentent d’effacer des traces, d’éliminer quelques témoins gênants, un procès se prépare au congrès. Procès qui va devoir faire toute la lumière sur des événements récents dans lesquels MacLane est impliqué.
Daniel Finkelstein, le frère d’un des journalistes ayant rassemblé les documents constituant le dossier sur le mystère XIII, treizième volume de la série, est parvenu à les faire publier. Un autre document s’ajoute à ce dossier, celui qu’il a constitué lui-même à partir du témoignage de Jessica Martin et qui s’intitule The Kelly Brian Story, que les lecteurs connaissent, eux, sous le titre un autre titre, La version irlandaise, opus précédent évoqué plus haut.
Comme pour le treizième volet de la série, Van Hamme et Vance reviennent sur l’ensemble de la saga. Ils reprennent ce que nous savons déjà et l’utilise comme base pour une nouvelle intrigue. Comme pour le treizième volet, ils mettent en avant le pouvoir des médias, ce fameux quatrième pouvoir tant décrié, dénoncé, fustigé, ou encensé, c’est selon.
Ils nous offrent également une autre forme de fiction chère aux auteurs d’outre-Atlantique, le procès. Déjà abordé dans Le jugement mais sous une forme militaire, à la manière du film de Robe Reiner Des hommes d’honneur (A few good men) par exemple, et sous une forme clandestine… Cette fois, nous sommes proche de cette paranoïa qui semble aller de paire avec les Etats-Unis, de retour dans une théorie du complot et des services secrets n’obéissant qu’à eux-mêmes…
En vingt-huit ans, comme le souligne Jean Van Hamme à la fin de cet épisode, et en dix-neuf épisodes, la série aura donc balayé tout un pan de la fiction contemporaine, allant du thriller au la fiction de procès, de la course-poursuite à la politique fiction…
Après cet ultime épisode, Van Hame, comme pour d’autres séries qu’il a scénarisées, laisse la possibilité à d’autres auteurs de prendre le relais, ce que vont s’empresser de faire Iouri Jigounov et Yves Sente, férus du genre.