Jean Van Hamme et William Vance en ont fini avec leur personnage amnésique. Mais ils n’ont pas fermé la porte à une suite éventuelle, imaginée par d’autres. Yves Sente, qui l’a déjà fait pour Blake et Mortimer, à la suite d’Edgar P. Jacobs, ou encore pour Thorgal, autre série de Van Hamme, se lance en s’associant à Iouri Jigounov. Le premier opus de leur contribution à la série s’appelle Le jour du Mayflower et paraît en 2011.
Comme leurs prédécesseurs, Sente et Jigounov s’inspirent de l’histoire des Etats-Unis pour l’intrigue. Le titre ne nous y trompe pas. Ils se lancent dans l’aventure en reprenant également l’aspect central de la série, l’amnésie du personnage principal et en relançant le complot qui était la toile de fond des volumes précédents.
Débarrassé de tout ce qui l’empêchait de se pencher sur son infirmité, MacLane s’y consacre pleinement. Il consulte. Il consulte et ça n’est pas forcément bien vu puisqu’il continue à faire l’objet d’une surveillance multiple. Le passé ne peut être entièrement effacé. XIII est l’objet de convoitises, de méfiances… Et se trouve bientôt, de nouveau, accusé à tort, obligé de fuir, tout en cherchant, parmi les indices qu’il a réussi à glaner, un déclencheur, un stimulateur de sa mémoire perdue… Ce sera le Mayflower, ce bateau qui a vaincu une mer démontée pour traverser l’Atlantique, accoster au large de Cape Cod et en mémoire duquel Thanksgiving est commémoré. Un lien existerait entre XIII et ce fameux bateau… Un lien dérangeant puisque de nouveau les armes se déchaînent dans son sillage. Il doit s’enfuir et rejoindre deux de ses amis, les Préseau, en France…
Les ingrédients sont là, le ton est respecté. Sente marche dans les pas de Van Hamme tandis que Jigounov emprunte ceux de William Vance. Mais en même temps, la série prend une nouvelle impulsion, connait un certain renouveau.
Elle se poursuit l’année suivante avec L’appât.
En couverture, c’est le colonel Jones… Après les Préseau, d’autres proches de MacLane reprennent le collier, regagnent une place dans la nouvelle série. Outre Jones, Ben Carrington réapparaît.
Cette fois, tandis qu’il profite de l’hospitalité de ses amis en France, XIII doit se décider à aller délivrer Jones, prisonnière des talibans en Afghanistan. Il reprend contact pour l’occasion avec Carrington, coulant une paisible retraite chez sa sœur et élevant son petit-fils. Tous les deux, ils acceptent d’apporter clandestinement la rançon qui permettra de délivrer Jones et les autres prisonniers. En même temps Betty, marquise de Préseau, part aux Etats-Unis pour poursuivre sur place les recherches que menaient XIII et y exploiter certains indices qu’il n’a pas eu le temps d’approfondir lui-même…
Le renouveau se confirme. Outre l’exploration de l’histoire des Etats-Unis, Sente inscrit la série dans l’actualité, dans l’histoire immédiate. Les intrigues menées en parallèle, comme dans certains opus précédents, entre le présent et le passé de XIII, sont rythmées et à rebondissement.
Et puis, le personnage de Betty s’étoffe, devient l’un des moteurs de l’histoire. Ce n’est pas le moindre intérêt de cette nouvelle série pour moi, tant il semblait avoir été sous-exploité précédemment au point que Van Hamme en avait créé un clone en la personne de Jessica Martin…
La série prend un nouvel élan sans renier l’ancienne, notamment au travers de ce nouveau personnage de tueuse qui n’est pas sans rappeler les précédents ennemis de MacLane…
Sente et Jigounov ne nous perdent pas en chemin et ont trouvé un angle pour relancer la série qui n’est pas sans intérêt… Les prochains opus devront confirmer cette impression. Il n’y a plus qu’à attendre.
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