En fin d’année 2012, paraît un roman de Franz Bartelt édité par D’un Noir si Bleu. Ce nouveau roman s’intitule Facultatif Bar est il est résolument noir.
L’action se déroule dans une ville indéfinie, entre la place Carrée, l’avenue Carnot et la place aux Becs, et au-delà par effet domino. Dans le quartier des Becs et ceux qui l’entourent pour les dommages collatéraux. L’action prend place au cours d’une nuit comme les autres, ou presque, où les personnages vont se croiser comme ils l’ont déjà fait au cours de bien des autres nuits… Ils vont se croiser au milieu de tous ceux qui grouillent à ces heures-là…
“Tant que les paumés ne franchissaient pas le périmètre de la place Carrée et celui du carrefour des Becs, ils étaient libres d’agir à leur guise. Il en mourait beaucoup, une dizaine par nuit. Personne n’en portait le deuil. C’était des drogués qu’on retrouvait sous les portes cochères, des nouveau-nés dans le fond des poubelles, des alcooliques qui se jetaient d’un toit, des filles qu’on dépeçait après les avoir violées, et, parfois, avant. Rien que de très banal. Les plus robustes survivaient jusqu’au moment où ils trouvaient leur maître. Ils le trouvaient immanquablement.”
Le décor est planté…
Tout commence avec l’arrestation de Félicien Querque dans un supermarché où il cherche de toute évidence à provoquer pour se faire embarquer. Au poste, l’inspecteur Granier refuse de le garder, de l’enfermer malgré ses demandes répétées, il le fait jeter dehors. Jéronimo, journaliste, passant par là, recueille Querque à bord de son véhicule et accepte d’aider ce dernier à aller en prison en rédigeant un article… L’inspecteur Granier quant à lui décide de passer la nuit dehors à arpenter les rues de la ville comme il le fait de temps à autre. L’épouse de l’inspecteur, Olga, profite de l’absence annoncée de son mari pour aller chercher le frisson en ville… Tout ce petit monde va se croiser au cours de la nuit, errant autour du Facultatif Bar, s’y abreuvant, se confiant à sa gérante et propriétaire, Ginette Maugru. Jéronimo et Querque vont y retrouver Zurpath et Truniek, deux anges déchus. Granier va y descendre pour inspecter les chambres ouvertes dans les étages aux couples cherchant l’anonymat, Olga Granier y viendra aussi… L’inspecteur croisera également des tueurs à la poursuite de Jéronimo… Les cadavres se multiplient.
Toutes ses allées et venues et leurs conséquences sont observées par Ginette Maugru et le boucher Trousquaille et ses deux apprentis.
Pas d’événement incongru pour mettre le chaos dans cet univers, juste des destins qui s’entrecroisent et qui suffisent à eux seuls à semer le désordre et la mort. Seulement des êtres mus par leurs angoisses. Une nuit presque ordinaire où la trajectoire de certains connaîtra sa fin… Une nuit peut être plus noire que d’ordinaire.
Bartelt sème les corps mais également les âmes perdues, détruites, déglinguées. Il les sème et observe les conséquences de leurs errements. Un mari et une femme pas si désunis que cela, un fils et sa mère plus soucieux l’un de l’autre qu’il n’y paraît, des anges victimes de la surpopulation des cieux et contraints de frayer avec les vivants…
C’est un roman fort, prenant et sordide que nous donne à lire le romancier. Un roman qui peut faire penser au Grand Bercail , avec sa vision de la torture comme ciment de la société. Comme fondement. Qui peut faire penser également à La chasse au grand singe ou encore à Massacre en Ardennes par sa vision désabusée des humains. Une humanité qui n’est plus guidée par “la soif et l’amour” mais qui “se nourrit d’injustices et de violences”. Ou peut-être les deux.
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