En 2005, la même année que le premier, Secret dead men, paraît le deuxième roman en solo de Duane Swierczynski, The Wheelman. Il nous parvient six ans plus tard, traduit par Sophie Aslanides, sous le titre A toute allure.
Patrick Lennon est garé devant la Wachovia quand l’alarme se déclenche. Il a le choix, laisser ses complices coincés dans le sas de sécurité qui s’est refermé sur eux ou se porter à leur secours. Après une manœuvre, il enfonce la cage de verre blindé où sont prisonniers Bling et Holden et prend le chemin qu’il a prévu pour leur fuite. Après un changement de voiture et la cache du butin, la réussite est là… au moment où un van enfonce violemment leur véhicule, les envoyant dans le décor.
Nous sommes vendredi matin et pas au bout de nos peines.
En effet, vendredi après-midi, deux potes doivent rendre service au père de l’un d’eux. Il s’agit de jeter des sacs dans une conduite d’égout qui sera bientôt recouverte par un musée. Seulement l’un des sacs se met à bouger et le bras qui en sort les maltraite. La lutte s’engage et Lennon réapparaît, un Lennon toujours aussi silencieux, et pour cause, nous comprenons qu’il est devenu muet à la suite d’un accident.
Les péripéties et les rebondissements s’enchainent alors, Lennon tentant de remettre la main sur son butin tout en voulant comprendre pourquoi le casse n’a pas réussi. Un butin qui attire bien d’autres personnes et les morts qui se multiplient autour n’arrangent pas l’ambiance.
C’est un véritable feu d’artifice que nous offre Swierczynski. Ça dézingue à tout va, ça va d’une surprise à une autre, entre la mafia russe grandissante et une mafia italienne en décrépitude. Avec au milieu, Lennon, comme un chien dans un jeu de quilles.
Les points de vue viennent compléter celui du chauffeur et nous permettent parfois d’anticiper sur les rebondissements qui se percutent les uns aux autres. Ça trahit, ça épanche sa soif de vengeance à tout va.
Et ça nous scotche.
Entre des personnages savoureux, pour la plupart ayant fait leur preuve mais particulièrement faillibles, trop ou pas assez sûrs d’eux, et une visite de Philadelphie pour le moins originale, on tourne les pages sans effort. Il y a de tout, un ancien flic vénal, un mafieux italien, capo sans parrain, un mafieux russe, père déboussolé, un ancien gangster devenu conseiller financier, une femme prête à tout et cherchant à annoncer une heureuse nouvelle, des étudiants musiciens arrondissant leurs fins de mois en faisant des petits boulots illégaux et un agent de la CIA…
On passe d’un quartier à un autre, d’une résidence d’étudiants à une planque, d’un pavillon qui part en fumée à des appartements luxueux dans une résidence de grand standing.
Le style est à l’avenant, rapide, précis. Pas le style sec ou mitraillette que l’on peut lire ailleurs, le vocabulaire y est plus riche pour permettre à un certain humour de s’épanouir. Nous sommes souvent en avance sur les personnages et guettons leurs réactions fassent aux obstacles qui les attendent.
C’est au final une lecture plaisante. Un livre qui se lit vite, violent et déjanté, un alliage pas si simple à obtenir mais que Swierczynski parvient à rendre stable. Le roman d’un auteur qui rend hommage à ses aînés, dont Westlake et son Dortmunder ou l’autre pan de son œuvre, Richard Stark et Parker.
Son roman suivant, The Blonde, paraît un an plus tard et c’est le premier à être traduit chez nous.