En 1976, un an après l’autre roman traduit de Misa Yamamura, Des cercueils trop fleuris, paraît Kuro no kanjosen. Il est traduit 1992 par Jean-Christian Bouvier sous le titre La Ronde noire.

Chisako Tanaka, s’inquiétant de ne plus avoir autant de nouvelles qu’au début de la part de son fiancé, Natsuhiko, parti aux Etats-Unis pour deux ans, décide de s’envoler pour New York. Alors qu’elle sort de l’aéroport pour l’attendre, elle l’aperçoit garant une voiture avec une passagère. Ils discutent quelques instants avant de se séparer. Chisako rejoint Natsuhiko en décidant de ne pas lui dire ce qu’elle a vu. Ils passent une semaine agréable même si elle sent qu’il a changé et, parmi ces changements, elle est très surprise de constater qu’il ne veut plus parler de Harlem et de la condition des noirs aux Etats-Unis, sujet qui le passionnait pourtant auparavant et l’une des raisons pour lesquelles il avait entrepris son voyage d’étude.
A son retour, six mois plus tard, elle l’attend depuis la plateforme de l’aérogare pour le voir descendre de son avion. Et encore une fois, une femme en rouge n’est pas loin de lui, lui donnant une petite tape sur l’épaule quand ils débarquent avant de s’installer à une place éloignée de la sienne. La jalousie de Natsuhiko se réveille. Mais dans les jours qui suivent elle retrouve Natsuhiko et leurs échanges sont de nouveau tendres.
Quelques semaines après le retour de son fiancé, il l’emmène avec lui lors d’un séminaire auquel il s’est inscrit. Alors qu’ils partagent quelques moments agréables loin de leur quotidien, le chef du département de Natsuhiko est retrouvé assassiné dans son appartement. Lors de son enquête, la police en arrive à la conclusion que celui à qui le crime profite le plus est justement Natsuhiko puisqu’il va bénéficier d’une promotion à laquelle il ne pouvait rêver avant une dizaine d’années, du fait des choix de son chef de département. Mais son alibi est inattaquable, il était loin au moment du meurtre et Chisako n’a qu’à peine le temps de se laisser envahir par l’angoisse.
Quelques semaines plus tard, la patronne d’un club de Tokyo est assassinée. Les témoignages concordent et celle que l’on pourrait soupçonner en premier, celle à qui le crime profite le plus, possède un alibi en béton, un séjour aux sports d’hiver. En apercevant sa photo dans un magazine conservé par Natsuhiko, Chisako reconnaît la femme aperçut deux fois avec lui et sa jalousie renaît. Elle décide de se rendre à Tokyo pour comprendre ce qu’il en est exactement. Dans la capitale, elle contacte un journaliste pour en savoir plus sur celle qu’elle soupçonne d’une liaison avec son fiancé et ensemble, ils commencent une enquête.
Sous la plume de Yamamura, Chisako mène l’enquête. Elle n’est pas encore mariée à Natsuhiko et les doutes surviennent. La jalousie, l’incompréhension puis la crainte qu’il ne se soit livré à des actes criminels. Bien que réservée et s’apprêtant à quitter son métier au moment du mariage, comme il se doit, elle prend les choses en main et veut se rassurer, être sûre qu’elle se trompe… Elle embarque même le jeune journaliste dans ses recherches.
Pendant ce temps les différentes enquêtes sont menées par des policiers, dans des commissariats différents.
Misa Yamamura nous propose là un roman policier classique, avec enquête et meurtres. Mais elle nous propose également, comme pour son roman précédent, l’autre traduit dans notre langue, un portrait de certaines mœurs de son époque et de sa société. La romancière nous offre également une vision de Kyoto, sa ville, qui enrichit celle que nous avions déjà depuis Des Cercueils trop fleuris. Et cela au moyen d’une narration qui alterne les points de vue et d’un style précis et maîtrisé, d’après ce que la traduction nous en montre. Tout cela par le biais d’une intrigue particulièrement bien construite.
C’est, de nouveau, un bon moment de lecture que nous offre la romancière aux nombreux romans, dont seulement deux ont été traduits pour nous.
Il nous reste décidément encore pas mal de choses à découvrir du côté du pays du soleil levant.