David Cage est à ce jour l’auteur de trois jeux qu’il a développé par le biais de son studio, Quantic Dream.
Le premier jeu à débarquer sur les ordinateurs personnels des curieux se nomme The Nomad Soul, il arrive en 1999 et propose a priori, d’après ce que j’ai lu, une nouveauté. Il s’agit d’évoluer dans un univers de manière assez libre. Cette âme nomade dont il est question dans le titre est celle du joueur, pouvant prendre possession du corps de différents personnages. Je ne pourrai pas en dire plus sur ce jeu se déroulant dans un monde futur puisque je n’ai pu l’essayer, je n’ai pu entendre les chansons composées pour l’occasion par David Bowie mais il semble qu’il propose quelques chose de réellement original pour l’époque (pas si éloignée, je vous l’accorde).
Le deuxième jeu développé par le studio Quantic Dream sous la houlette de Cage s’intitule Farenheit. Il paraît en 2005. Il propose de nouveau d’incarner différents personnages et se déroule dans un futur très proche puisque nous l’avons désormais dépassé, 2009 ne s’est pas déroulé comme Cage l’avait imaginé ou peut-être n’en a-t-on jamais entendu parler juste pour nous préserver.
L’histoire commence dans un café, un homme se découvre commettant un meurtre. Il ne sait rien de sa victime, il ne sait pas ce qui lui a pris, il était comme possédé. Avant que la police ne l’arrête, il s’enfuit. Cet homme et l’un des personnages que l’on incarne, les deux autres sont des flics new yorkais, un homme et une femme, chargés de mener l’enquête. C’est une histoire mâtinée de fantastique qu’il nous est donné de vivre. Une histoire paranoïaque au cœur d’un complot de l’ombre contre lequel nous ne pouvons que difficilement lutter.
Le fait d’incarner différents personnages donne de l’intérêt au jeu, on est tantôt en train de fuir la police et d’enquêter sur ce qui nous est arrivé, tantôt en train de mener une enquête, d’essayer de comprendre, avec des soucis personnels différents, des sensibilités différentes.
L’une des originalités du jeu est l’espèce de compte-à-rebours qui se met en place. Nous sommes dans un univers de glaciation progressive, les degrés farenheit (d’où le titre) chutant de manière inexorable et annonçant la fin inévitable de notre monde.
Cage crée un jeu original où les choix que l’on fait pour les personnages influent sur l’histoire. Il est possible d’y jouer à plusieurs reprises, donc. L’intérêt est également dans l’intrigue, proche de celles que nous prisons au travers de nos lectures noires.
Cinq ans après sa deuxième œuvre, Cage récidive et nous propose un jeu captivant. Dans un univers noir, glauque.
En 2010 paraît Heavy Rain, de nouveau développé par le studio Quantic Dream.
Il s’agit cette fois d’une affaire de meurtres en série. Des enfants sont enlevés puis retrouvés morts quelques jours plus tard. Le personnage principal de l’histoire, celui que vous incarnez en premier, vivait une vie idyllique avant de perdre son fils ainé dans la scène d’ouverture. Après l’avoir perdu de vue dans un centre commercial, il le retrouve mais trop tard, renversé par une voiture. La vie de cet homme que l’on découvre deux ans plus tard a changé du tout au tout, il ne vit plus dans une maison de rêve, le genre délire moderne mais maîtrisé d’architecte, mais dans un pavillon crasseux de banlieue. Il s’est séparé de sa femme et a tout de même obtenu la garde de leur second fils. On lutte avec lui pour qu’il mène une vie normale, qu’il aille de l’avant, qu’il aide ce fils d’une dizaine d’années à vivre malgré tout.
Ce fils va se faire enlever… et le père se trouver pris dans un engrenage pour le sauver à tout prix.
On suit l’histoire à travers quatre personnages. Le père, un agent du FBI détaché sur l’enquête, un détective privé, ancien flic, engagé par les familles des victimes précédentes, et une journaliste. Chaque personnage affronte ses propres démons en même temps qu’il cherche à résoudre l’énigme. Les choix que l’on fait pour eux modifie l’histoire, leur progression, et son évolution…
C’est un jeu captivant, à l’univers noir si proche de celui que nous proposent les auteurs que nous lisons. Cette fois, le compte-à-rebours se fait avec cette pluie battante qu’évoque le titre. Les millimètres d’eau s’ajoutent inexorablement et scandent les étapes de l’intrigue.
Un jeu que j’ai pris plaisir à jouer et rejouer, voyant les différentes facettes des personnages évoluer, changer, en fonction de mes choix, de ma capacité à leur faire franchir certaines étapes.
Les jeux de David Cage sont des hommages à des univers que nous avons rencontrés au travers de nos lectures. C’est un plaisir de s’y trouver plongé, d’y lutter comme nous avons vu d’autres le faire avant nous. Il faut, bien sûr, aimer passer du temps sur une console ou devant un écran d’ordinateur mais ce divertissement ne nous éloigne pas vraiment des intrigues que nous aimons. Voilà pourquoi j’en ai parlé ici…