En 2013, un après Les miracles du bazar Namiya paraît un nouveau roman de Keigo Higashino, il s’intitule Mugenbana. Il est traduit trois ans plus tard par Sophie Refle sous le titre La fleur de l’illusion.
Kazuko décide d’accompagner Shin-ichi jusqu’à la gare avec leur bébé. En chemin, ils entendent un cri puis un homme débouche d’une ruelle un sabre à la main. Shin-ichi s’interpose et est le premier frappé, puis Kazuko est à son tour agressée en protégeant leur fille.
Comme tous les ans, Sõta, un collégien, accompagne sa famille sur le marché des ipomées avant qu’ils n’aillent déguster de succulentes anguilles au restaurant. Alors qu’il s’arrête pour attendre à cause d’ampoules au pied, il rencontre une fille de son âge qui fait également une pause. Après avoir discuté, rapporté son portefeuille à un homme qui l’avait perdu puis dégusté une glace avec l’argent qu’il leur a donné en récompense, ils décident de rester en contact. D’abord à travers des échanges de mails puis de rencontres pendant les vacances. Quand son père découvre leur relation, il lui ordonne d’arrêter et Takami rompt leurs échanges, changeant de numéro, ne répondant plus à ses mails.
Après ces deux prologues, l’histoire débute. Lino, qui ne revient plus chez elle autant qu’avant, reçoit un appel de sa mère pour apprendre que Naoto, son cousin, vient de se suicider. A la cérémonie, elle revoit son grand-père qui l’invite à venir le voir.
Quand elle se décide, il lui parle de son intention de publier un livre sur les fleurs qu’il cultive depuis qu’il a pris sa retraite et qu’il photographie. Mais c’est cher et Lino lui suggère à la place de créer un blog qu’elle se propose de gérer pour lui. Ils prennent l’habitude de se voir régulièrement, une ou deux fois par mois. Quelques mois plus tard, il lui montre une fleur dont il ne connaît pas le nom. Alors qu’elle lui propose de la mettre sur le blog, il lui dit qu’il vaut mieux attendre, ça pourrait être délicat… Quelques jours plus tard, alors qu’elle vient lui rendre visite, elle le trouve assassiné.
Lino veut savoir et comprendre. Tandis qu’Hayaze, un des policiers chargés de l’enquête, déplore l’orientation que celle-ci prend, la jeune fille décide de publier la photo de la fleur dont son grand-père ne connaissait pas le nom et qui a disparu. Un homme la contacte alors, Gamo Yosuke, qui lui conseille de retirer la photo et de ne parler à personne de cette fleur.
Alors qu’elle veut de nouveau voir Yosuke en se rendant chez lui, elle rencontre son frère, Sõta. Les deux étudiants vont s’associer pour mener leur propre enquête. Mus par des motivations bien différentes. L’un pour découvrir en quoi son frère, nullement botaniste comme il s’est présenté à Lino mais membre de la police, peut être impliqué dans une telle enquête, l’autre pour découvrir la vérité sur la mort de son grand-père que l’on s’apprête à faire passer pour un cambriolage ayant dégénéré.
Les deux jeunes adultes nous emmènent à leur suite tandis qu’Hayaze s’implique dans l’enquête pour des raisons personnelles, Shuji ayant quelques années auparavant pris un risque pour son fils.
L’intrigue imaginée par le romancier nous mène à la suite de Shuji, passionné de fleurs, de Naoto et de la musique qui le passionnait tout en tentant d’élucider le mystère qui tourne autour de la famille de Sõta. Il le fait, comme à son habitude, en rendant les personnages proches de nous, en en approfondissant la description. Sõta s’implique dans l’enquête pour découvrir des secrets de cette famille qui est la sienne et dont il a cherché à s’éloigner. Dans le même temps, il s’interroge sur son avenir, l’intérêt de sa formation et de sa thèse en cours sur l’énergie nucléaire étant remis en cause à la suite de la catastrophe de Fukushima. Lino, quant à elle, ne sait plus trop où elle en est ayant abandonné quelques mois plus tôt sa carrière de nageuse de haut niveau promise à une participation aux prochains jeux olympiques.
L’empathie pour les personnages est prégnante et le sujet de l’intrigue l’est également, s’intéressant à un sujet qui en appelle à la culture japonaise, comme souvent chez Higashino. Il lie aussi l’intrigue à l’enfance, celle des personnages principaux ou d’autres, à des moments marquants de leur adolescence. Le germe est souvent à chercher dans ce moment de la vie. Un âge déterminant.
On tourne les pages, avec intérêt, curiosité, et ce petit quelque choses qui nous procure un plaisir de lecture toujours renouvelé. Grâce aux mots, à la narration et à cette humanité dont le romancier ne se départ jamais.
Au final, c’est un livre prenant que l’on referme en se disant qu’il sera intéressant d’ouvrir le suivant de l’auteur. En espérant ne pas attendre trop longtemps avant sa parution.