Stuart Neville, Serena Flanagan et la sortie des frères Devine

Those We Left Behind paraît en 2015, un an après Le Silence pour toujours et la première apparition de Serena Flanagan. Il est traduit quatre ans plus tard par la fidèle de l’œuvre de Stuart Neville, Fabienne Duvigneau, sous le titre Ceux que nous avons abandonnés.

Ciaran est allongé dans le lit, son frère Thomas vient le rejoindre alors qu’un voisin toque à la porte de la maison, alerté par les bruits qu’il a entendus. Quelque chose gît au fond de la pièce et du sang à giclé. Ciaran veut savoir s’ils iront en prison et s’ils seront séparés.
Sept ans plus tard, la libération de Ciaran Devine a été annoncée par les journaux et Paula Cunningham, agent de probation, sait qu’elle va hériter de son suivi. Pour son retour après son arrêt maladie, Serena Flanagan est contactée par cette même Paula Cunningham afin de parler de l’enquête à laquelle elle a participé et de l’enfant qu’était alors Ciaran. Pour Daniel Rolston, la nouvelle est éprouvante, celui qui a reconnu avoir tué son père sort de prison alors que sa mère, celle de Daniel, ne s’est jamais remise des accusations proférées par les frères Devine concernant les abus dont Rolston père aurait été l’auteur sur Thomas, l’aîné. Elle a finit par mettre fin à ses jours.
Ciaran va devoir apprendre à vivre dans un monde qui n’est pas celui dans lequel il a grandi, enfermé entre quatre murs. Thomas accueille son frère après deux ans d’attente, lui qui a été libéré plus tôt, seulement reconnu comme complice. Serena Flanagan continue sa reconstruction après son cancer du sein et sa reprise du travail la porte bien souvent vers la colère, Paula Cunningham suit Ciaran tout en tentant de supporter sa vie de célibataire. Pour Daniel, il s’agit de ne pas se laisser déborder par les émotions et de ne pas se laisser submerger par la violence qu’il a réussi à dominer jusque là.
Thomas a fait profil bas et il conseille à son frère d’en faire autant. Pour lui, l’agent de probation ou les flics n’ont qu’une idée en tête, les remettre en prison aussi vite que possible. Daniel veut que les doutes qu’il avait émis au moment de l’enquête soient enfin entendus, il est sûr que ce n’est pas Ciaran qui a tué son père ; qu’il s’est accusé à la place de son frère. Il est prête à tout et il n’a plus que ça en tête…

Chacun est enfermé dans son univers, ses cogitations. Chacun cherche à vivre en portant un fardeau tellement lourd. Les personnages du roman de Neville ont un passé dont ils cherchent à se dégager, qu’ils veulent pouvoir laisser derrière eux. Mais la vie ajoute de nouveaux soucis, de nouveaux poids, chaque jour.
Serena Flanagan ne peut s’empêcher de vouloir questionner tout ce qui lui passe sous la main, ces enquêtes qu’elle doit revoir pour se remette dans le rythme du travail. Elle soulève la colère de ses collègues ou de ses supérieurs. Puis de nouveaux événements viennent la frapper alors qu’elle est en train de se relever, le suicide d’une femme qui était dans le groupe de survivantes du cancer du sein et pour laquelle une récidive venait d’être diagnostiquée, les événements qui jalonnent le retour à la liberté de Ciaran Devine auquel elle s’était attaché lors de l’enquête sept ans plus tôt, dépassant les limites pour aboutir à la vérité sans y parvenir, le garçon étant sous l’emprise extrême de son aîné.
Ciaran, quant à lui, est perdu, prenant conscience des conséquences de ses actes, de l’emprise de son frère sur lui, de sa soumission excessive.
Stuart Neville conjugue les doutes, les colères, des uns et des autres. Il les entremêle pour concocter une intrigue où chacun à sa place, chacun pourrait l’emporter dans notre propension à nous identifier à l’un ou l’autre, à éprouver de l’empathie pour celui-ci ou celle-là. Comme pour ses romans précédents, chacun a sa place, son importance…
On a envie de tourner les pages à chaque rebondissements même si, parfois, on regrette une relecture trop rapide, les temps s’emmêlant, les verbes passant, d’une phrase à l’autre, du présent au passé pour une même action. Un peu dommage mais on va jusqu’au bout malgré tout.

Lennon a disparu, Flanagan prend sa suite et est elle aussi abîmée. Dans l’Irlande du Nord en reconstruction, où l’importance des camps qui se sont affrontés se fait toujours sentir, jusque dans les embauches, il faut aussi se reconstruire, avancer malgré tout.
Neville sait nous présenter des personnages esquintés, nous faire éprouver pour eux une empathie véritable. Il ne nous propose peut-être pas de personnage aussi fort que dans certains de ses romans précédents, Jack Lennon ou Gerry Fegan en tête, pas encore. Mais il garde ce talent de conteur.

L’année suivante, Serena Flanagan revient dans un nouveau roman tourné vers ce que disent ceux qui sont tombés, So Say the Fallen.

Stuart Neville, Jack Lennon et Serena Flanagan face à la disparition de Raymond Drew

En 2014, un an après le précédent, paraît le cinquième roman de Stuart Neville, The final silence. La traduction de Fabienne Duvigneau a été publiée par les éditions Rivages en 2017, il y a quelques semaines, sous le titre Le silence pour toujours. Il marque le retour de Jack Lennon et l’apparition d’un nouveau personnage, Serena Flanagan.

Raymond Drew n’en peut plus. Il veut mourir. Pour cela, il doit s’éloigner de tous, son cœur malade qu’il refuse de soigner s’occupera du reste. Il sait qu’il laisse à Ida une bien sombre découverte mais le monstre qui est en lui est épuisé.

Jack Lennon, de son côté, traîne son fardeau. Physiquement, il souffre encore des séquelles de son affaire précédente, celle l’ayant vu aux prises avec la mafia lituanienne. Il n’a bien sûr pas dû affronter que cette mafia mais également une certaine pourriture à l’œuvre dans son pays. Et la conclusion de cette histoire, le poursuit toujours, l’empêchant de reprendre son boulot…

Rea Carlisle aide sa mère, Ida, à vider la maison de cet oncle qu’elle a à peine connu. C’est une affaire vite menée, il n’y avait pas grand-chose. Rea a du mal à imaginer la vie de cet homme à l’aune du peu qu’il a laissé. Rien de réellement personnel dans ce qu’elles ont décroché, dans les tiroirs qu’elles ont vidés. Un intérieur, témoin d’une vie, vite déblayé. Il ne reste plus qu’une chambre, fermée à clé, quand Ida repart. Rea est d’autant plus pressée d’achever le nettoyage que ses parents lui ont expliqué que cette maison pourrait devenir la sienne. Une perspective inespérée pour cette femme de 34 ans ayant perdu son emploi quelques mois plus tôt. Elle parvient à forcer la porte et ce qu’elle découvre va la glacer. Son oncle a tenu un journal, agrémenté d’archives, coupures de journaux ou autres, racontant les différents meurtres qu’il a commis. Passé l’horreur de la découverte, Rea contacte ses parents. Qui s’opposent à révéler la découverte à la police, cela pourrait nuire à la carrière de son père, Graham, député, en passe de progresser encore dans les responsabilités politiques. Une telle affaire mettrait fin à la réalisation de ses ambitions.

Graham Carlisle avait autrefois défendu des opinions libérales, mais peu à peu, sous les yeux de Rea, il était devenu un exécutant de l’unionisme, formaté par le parti, de plus en plus conservateur à mesure qu’il progressait dans les rangs. Ayant laissé ses convictions dépérir dans l’ombre de son ambition, il n’était plus un homme de principe mais un employé dévoué qui se conformait aux ordres de ses supérieurs.

Une fois ses parents partis, Rea ne peut se résoudre à une telle décision. Elle contacte une vieille connaissance qui pourrait l’aider, Jack Lennon. Lorsqu’elle l’emmène dans la maison de son oncle, elle constate la disparition du registre de son oncle… soupçonnant son père. Lennon veut l’aider mais cette disparition pousse à douter de l’existence même des mémoires de l’assassin. Il la laisse dépitée, déçue, en colère.

Lennon, installé depuis quelques mois chez Susan, la voisine attentive des précédents opus, a bien d’autres préoccupations. Luttant contre une propension à la déchéance, à se laisser glisser vers le fond, à coup d’antalgiques et d’alcool, pour pouvoir continuer à prendre soin de sa fille, Ellen, celle qui est là depuis Les fantômes de Belfast. L’une des victimes, toujours si réceptive, si sensible, à certains contacts, certaines manières de communiquer. Sa seule raison de vivre, à en perdre la raison.

Mais un rebondissement va le pousser en avant, au chœur de cette histoire dont il n’avait pas besoin. Il va ainsi croiser Serena Flanagan, une collègue, luttant elle aussi contre un mal intérieur qui pourrait bien la vaincre. Il va de nouveau devoir lutter pour ne pas sombrer. Tandis que d’autres sont également au bord du gouffre.

C’est une constante chez Stuart Neville, les années de guerre civile, de lutte armée entre les unionistes et les républicains, n’en finissent pas de laisser des traces, de remonter à la surface au gré des accès de violence qui jaillissent de temps en temps, telle des éruptions, dans le calme et la paix retrouvés.

L’évolution de l’écrivain, quant à elle, le pousse un peu plus à chaque fois du côté du suspens pur. Après une ouverture et un début plus que prometteur, les personnages principaux perdent en épaisseur, sont un peu délaissés, pour laisser la place à une lutte contre le temps. Pour éviter une hécatombe programmée.

Heureusement, il y a toujours Jack Lennon que Neville ne peut cantonner au simple rôle de perdant, personnage trop profond pour ne devenir qu’une silhouette, un faire-valoir à l’intrigue. De son côté, Serena Flanagan, après une première esquisse intéressante, ne parvient pas non plus à s’effacer complètement. Et c’est tout ce qui fait le sel des romans de l’écrivain irlandais, ces personnages en perpétuel lutte avec eux-mêmes, tentant de vaincre à eux seuls des éléments bien plus forts qu’eux.

On passe sur la fin, la résolution de l’intrigue, qui n’est qu’un passage obligé, assez réussi malgré tout, et on attend avec impatiente une nouvelle apparition de l’inspecteur-chef Serena Flanagan dans le roman suivant, Those we left behind.

Stuart Neville, Albert Ryan et les relents nauséabonds de l’Urgence en république irlandaise

En 2013, Stuart Neville publie son quatrième roman, Ratlines. Un roman qui s’échappe pour un temps de notre époque et de l’Irlande du Nord, un roman qui laisse souffler Jack Lennon, pour mieux se concentrer sur une autre période marquante de l’histoire récente et ses conséquences. Une autre période sombre.

En arrivant en France, ces jours-ci, le roman ne change pas de titre sous la traduction de Fabienne Duvigneau.

Alors qu’il vient d’assister à un enterrement, Helmut Kraus est braqué dans son hôtel. Il est chargé de délivrer un message à l’un de ses amis, Otto Skorzeny. Pour être sûr que le message parvienne à son destinataire, son assaillant confie l’enveloppe au cadavre de Kraus.

Albert Ryan est appelé à Dublin pour rencontrer le ministre de la justice, Charles Haughey. Il se voit chargé de l’affaire et donner l’ordre de collaborer Ratlines (Rivages, 2013)avec Skorzeny, véritable instigateur de l’enquête. Plutôt inhabituel pour un soldat, membre des renseignements irlandais. Mais il faut dire que l’affaire commence à prendre de l’ampleur puisque Kraus est le troisième ancien nazi, réfugié en république d’Irlande, à se faire occire pour passer le message à Skorzeny… autre ancien nazi et assumant de grandes responsabilités, au point d’être un interlocuteur privilégié du gouvernement, un hôte de marque, choyé par le pays… Plutôt difficile comme réalité. L’affaire devient d’autant plus sensible que le président des Etats-Unis, John F. Kennedy, doit visiter le pays d’ici quelques semaines, nous sommes en 1963.

Ryan mène l’enquête, croise ses parents, harcelés à cause de l’engagement de leur fils dans l’armée anglaise pendant la récente guerre mondiale, l’Irlande étant restée neutre. Il est invité chez Skorzeny, y rencontre une superbe rousse, Celia Hume, et tente de mener son enquête sans trop satisfaire à des demandes penchant du côté de l’immoralité, de cette collusion que Neville avait déjà décrite et dénoncée dans ses précédents romans, collusion du crime et de la politique…

C’est un roman d’espionnage, dont le personnage central trinque, prend des coups et même plus, où il doit frayer entre des forces opposées issues de ces récents événements qu’en république irlandaise on a nommé l’Urgence, cette seconde guerre mondiale dont le pays s’est tenu éloigné, peut-être pour ne pas combattre au côté de l’ennemi anglais. C’est un roman d’espionnage en trois parties, “soldat”, “résistant” et “collabo” pour rester dans l’ambiance. Un roman avec des anciens nazis, des membres du mossad, des anciens militaires francs-tireurs…

C’est un roman avec de vrais morceaux d’histoire, Skorzeny, Haughey, ont existé et se sont révélés aussi pourris que Neville les présente, jouant avec leur image, avec l’argent et le pouvoir… Le jeune ministre de la justice étant devenu plus tard premier ministre. Il y a même des réfugiés bretons tel ce Célestin Lainé, indépendantiste s’étant engagé au côté des nazis pour mieux lutter contre la France, ennemi commun.

Un roman qui nous dénonce une après-guerre trouble, jusque dans son titre, allusion au réseau qui aida les anciens nazis à quitter leur pays et à s’offrir une vie ailleurs, plus tranquille, où couler paisiblement leurs vieux jours. Une après-guerre peu glorieuse pour l’Irlande… Une après-guerre où l’argent devient une arme…

Stuart Neville nous offre, agrémenté de tout ça, un véritable roman d’action, lorgnant du côté de Le Carré. D’après ce que j’ai entendu dire sur Le Carré. J’ai appris pas mal de choses en m’intéressant aux à-côtés de ce roman, par curiosité. Skorzeny, Haughey et Lainé me sont moins des inconnus désormais. Si un roman suscite la curiosité, c’est déjà bien. Même si j’ai moins accroché à l’intrigue que pour les autres Neville.

J’ai moins accroché mais je m’y suis laissé prendre, laissé aller… Peut-être que je suis gourmand mais, avec de tels éléments, le roman aurait pu être plus long, plus approfondi… Impression de survol. De mon point de vue, bien sûr.

Ça reste néanmoins un bon moment de lecture.

Le prochain roman de Stuart Neville pourrait ne pas tarder à débarquer chez nous puisqu’il est paru l’année dernière du côté de Belfast sous un titre qui changera sûrement en nous arrivant, The final silence.

Stuart Neville, Jack Lennon et la Lituanie

En 2011, paraît outre-Manche le troisième roman de Stuart Neville, Stolen Souls. Il nous parvient en 2013, traduit par Fabienne Duvigneau, sous le titre très fidèle d’Ames volées. C’est la deuxième fois que l’inspecteur Jack Lennon est l’un des personnages principaux, mais ce livre constitue la suite des deux précédents… ne serait-ce que par la présence de sa fille Ellen.

Les événements qui nous sont racontés commencent à la veille de Noël… et se poursuivent le jour même de cette fête. Pas une fête pour tout le monde…

Jack Lennon vit désormais avec sa fille, Ellen. Il vit dans l’appartement de Belfast qu’on lui connaît, en voisin de Susan et de sa fille Lucy… Susan qui Ames volées (Rivages, 2011)continue à lui garder Ellen quand il le demande, Susan qui lui donne toute son attention. Et justement, il va de nouveau la solliciter car il doit assurer un tour de garde au commissariat en espérant que rien ne se passera tant qu’il sera de service. Mais, bien sûr…

Rien ne se passe comme il l’aurait voulu car, au même moment, une prostituée tue l’homme qu’elle recevait, un lituanien, affilié au grand banditisme. Alors que le corps est transporté pour être caché par deux autres hommes qui craignent les représailles du chef de bande, accessoirement frère du macchabée, la fille parvient à s’enfuir… S’ensuit une chasse dans laquelle s’affrontent les forces de l’ordre et cette mafia venue de l’est…

Les points de vue alternent, l’histoire en change et se centre sur l’un ou l’autre des personnages au fur et à mesure que l’intrigue progresse. Il y a, bien sûr, Jack Lennon, mais aussi Galya, la fille venue de Lituanie et en fuite après avoir occis celui qui aurait pu être son premier client, Billy Crawford, au nom changeant, recueillant Galya, mais à la personnalité abîmée et représentant un grand danger pour la jeune femme, et enfin, Herkus, un lituanien, chauffeur et homme à tout faire, exécuteur des basses œuvres, d’Arturas Strazdas, l’homme à la tête d’une filière plutôt lucrative de trafic d’humains…

En parallèle de la course-poursuite et de la course entre Lennon et Herkus pour retrouver la fille, qui elle tente d’échapper à son geôlier, les personnages sont décrits avec une grande force. Des personnages détruits, aux prises avec leurs démons. Ceux qui hantent Lennon, ressurgis des aventures précédentes, ceux qui poussent Billy Crawford à la folie, ceux que Strazdas tente de fuir en s’enfonçant un peu plus dans la consommation de drogue… Les démons de Galya sont ceux qu’elle doit affronter tout au long d’une intrigue qui en fait le personnage central, le noyau de l’histoire.

C’est un troisième roman fort et prenant que nous offre Neville. Un roman qui s’approche de plus ne plus du thriller comme nous l’avait laissé présager l’évolution déjà perçu entre son premier et son deuxième opus. Mais un roman, je le répète, qui nous donne à lire, à rencontrer, des humains à la personnalité dérangée. Un roman d’une grande violence, d’une grande âpreté. Aucun ne peut en sortir sans cicatrice. Aucun, pas même le lecteur, ne peut en sortir inchangé…

Cette fois, Stuart Neville s’est détaché de l’intrigue des deux premiers romans, l’histoire récente de l’Irlande n’est plus au centre des événements, elle n’en est plus la cause directe. Belfast en revanche garde toute son importance.

La grisaille, la pluie, la haine, il y avait quelque chose ici qui vous tapait sur les nerfs. Même l’air qu’on respirait vous fichait les boules.

Il s’agit plutôt du début d’une série, celle qui voit Jack Lennon encaisser les coups et les coups bas. Celle qui le voit agir malgré lui, sans réfléchir, juste mu par son instinct, faisant des choix dictés par une morale qui ne peut que lui mettre à dos un maximum de gens.

Jack Lennon avait agi en imbécile quand il s’était engagé dans la police. Quand il avait décliné les honneurs après avoir sauvé la vie d’un collègue qui essuyait une attaque par balles. Quand il avait abandonné sa fille encore dans le ventre de sa mère. Quand il avait entraîné un tueur nommé Gerry Fegan de l’autre côté de la frontière pour satisfaire une vengeance.

Lennon savait qu’il s’était comporté en imbécile toute sa vie, mais cela ne l’avait jamais arrêté.

Une série qui s’amorce et dont l’un des personnages récurrents m’a plus marqué que les autres, il s’agit d’Ellen, la fille de Lennon et de Mary McKenna. Une enfant qui a souffert dans les deux premières histoires, une enfant qui n’est pas sans rappeler Gerry Fegan, autre personnage marquant de Neville. Elle vit les enquêtes de son père, la violence faite aux victimes innocentes au travers de ses rêves. Et on de demande comment elle pourra grandir avec l’accumulation de souffrances qu’elle engrange.

Neville va abandonner sa série le temps d’un roman, Ratlines, avant d’y revenir.

Stuart Neville, Jack Lennon et Gerry Fegan

En 2010, un an après le premier roman de Stuart Neville, paraît le deuxième, Collusion. Comme pour Les fantômes de Belfast, il nous parvient deux ans plus tard, traduit par Fabienne Duvigneau, sans changer de titre.

Tout commence sur une route d’Irlande du Nord. On y retrouve trois personnages croisés dans Les fantômes de Belfast, les malfrats de république d’Irlande qu’accompagnait Campbell, le flic infiltré. Malfrats qui finançaient la cause indépendantiste par des vols généralement accompagnés de Collusion (Rivages, 2010)violence. Ces trois compères sont sur une route déserte et commencent à redouter la voiture qui les suit. Jusqu’au moment où ils tombent dans une embuscade et où le traitement qui leur est réservé s’avère plutôt violent… compte-tenu du fait, notamment, qu’il est perpétré par les forces de l’ordre…

A Belfast, pendant ce temps ou juste après, Jack Lennon, quant à lui, est un flic en difficulté. Catholique chez les flics, en Irlande, ça ressemble déjà à une trahison pour les siens, à l’instar d’un autre flic, Sean Duffy, quelques années plus tôt et sous la plume d’un autre écrivain irlandais, Adrian McKinty. Jack Lennon est un personnage que nous avions également croisé dans le précédent opus du romancier, nous ne l’avions pas croisé en chair et en os, si l’on peut dire, mais en creux, décrit par d’autres personnages. Et notamment Mary McKenna, la mère d’Ellen, que Gerry Fegan avait prises sous sa coupe, tentant de leur faire traverser les événements en restant le plus indemnes possible… Jack Lennon est un flic désabusé, tenant surtout, après l’avoir abandonnée, à retrouver sa fille, justement, Ellen. Mais ça n’est pas si simple. Après une surveillance en sous-marin et une intervention efficace, il réintègre l’unité dans laquelle il officiait quelques mois auparavant et des indices d’une affaire qu’on a voulu étouffer remonte jusqu’à lui. Une affaire étouffée, classée, qui n’est autre que celle qui nous était conté dans Les fantômes de Belfast. Une affaire que Lennon veut faire remonter puisqu’elle lui permettrait de savoir où sont passées Mary et Ellen… Ses actions commencent à gêner aux entournures ses supérieurs. Supérieurs qui préféreraient le voir rentrer dans le rang, chose qu’il a toujours eu du mal à faire…

En parallèle nous suivons d’autres personnages. Le Voyageur, un tueur à gage, engagé par Bull O’Kane, celui que nous connaissons, pour faire le ménage en éliminant ceux qui en savent trop sur ce que nous avons lu précédemment. Un tueur à gage qui ressemble étrangement à Gerry Fegan, si ce dernier n’avait pas éprouvé de remords. Nous suivons également Gerry Fegan, justement, exilé à New York et travaillant comme simple ouvrier, sans autre ambition que passer inaperçu, rester sous les radars, mais ça n’est pas si simple quand on s’appelle Fegan et que l’on a une réputation.

La piste sanglante que le Voyageur sème derrière lui intrigue sérieusement Lennon, tandis que ses supérieurs, refusant de relier les nouveaux événements aux anciens, persistent dans leur opinion qu’il ne s’agit que de coïncidences… Les nouvelles victimes, étroitement liées à l’ancienne affaire, ne seraient que celles d’accidents malheureux ou explicables par leurs occupations…

Décidément, la violence n’est pas morte en Irlande du Nord. Et les anciens membres des groupes paramilitaires n’ont pas beaucoup de choix de reconversion, n’ayant appris que la guerre et les trafics, ils ne peuvent que continuer. Sous une forme différente. Mais pour cela, ils doivent se préserver et les collusions sont nombreuses, l’argent ayant remplacé les croyances, ayant remplacé l’appartenance à l’une ou l’autre des religions chrétiennes en lutte. Il y a quelque chose de pourri dans cette province du Royaume-Uni. Les anciennes complicités basées sur la terreur ont toujours droit de cité, le partage des territoires entre les uns et les autres existe toujours. Avec l’assentiment de tous et même les efforts de chacun pour les maintenir en l’état. Auquel s’ajoutent les réticences de certains, peut-être mus par la volonté de maintenir un semblant de stabilité… Juste un vernis.

Avec ce deuxième roman, Neville ne joue plus sur la surprise, celle qui avait été la nôtre pour le premier. Sa force de frappe, l’impact de son intrigue et de son style, particulièrement directs tout en étant teintés de remords, hantés par des fantômes, nous les connaissons. C’est peut-être pourquoi nous suivons les évolutions des personnages en étant moins pris par la noirceur ambiante mais toujours scotchés par cette description d’un pays pas si loin du nôtre et dont nous avons suivi d’un œil lointain, pas toujours concerné, les soubresauts au long des années… Ça n’est pas reluisant et un pays en reconstruction ne peut pas faire table rase du passé. Neville nous l’assène avec une certaine violence, celle qui a toujours été irlandaise, dans un style si particulier, demandant de l’accepter, car nous sommes aussi des acteurs de nos lectures.

Décidément, Neville est un auteur à lire. Le chantre d’une Irlande toujours hantée par ses démons, ceux d’un vingtième siècle de violence et de bombes.

Son troisième roman est paru deux ans plus tard, il s’intitule Ames volées.

Stuart Neville, Gerry Fegan et ses douze Suiveurs

En 2009 paraît en Irlande le premier roman de Stuart Neville, The twelve. Il change de titre en traversant l’Atlantique et devient, aux Etats-Unis, The Ghosts of Belfast. Puis il nous parvient en 2011, traduit par Fabienne Duvigneau sous le titre Les fantômes de Belfast.

Gerry Fegan a sombré dans l’alcool. Il entretient son état second chaque soir à coup de whiskies et de bières, dans le pub tenu par Tom et appartenant à Michael McKenna. Il prolonge, intensifie, son ivresse, en espérant qu’elle chassera ceux qui l’assiègent. Les douze Suiveurs. Ils sont là, en permanence, qui l’accompagnent, qui le hantent. Il les connaît, il les a tués. Car Fegan était membre de l’IRA, un tueur de l’organisation. Un exécutant qui a puLes fantômes de Belfast (Rivages, 2009)rgé douze ans dans la prison de Maze. Un membre de l’IRA, respecté, craint, mais qui ne peut se défaire de ces douze fantômes qui le poursuivent. Ou peut-être que si, il vient d’avouer à la mère de l’un d’entre eux où le corps était caché. Mais cela ne semble pas suffire. Et ce sont les fantômes qui lui font comprendre en mimant l’exécution de celui qui avait commandité la leur. Le premier sur la liste est justement Michael McKenna venu le rechercher au pub pour le raccompagner chez lui. Lorsqu’il le tue, l’ayant amené sur le port, un endroit discret, le fantôme qui voulait sa mort disparaît… La solution est là. Et la croisade de Fegan commence. Malgré lui…

La mort de McKenna réveille les anciens démons d’une guerre civile maintenant achevée. Achevée grâce notamment aux accords de 1998 et à la création depuis d’une assemblée et d’un gouvernement à Stormont. Le ministre pour l’Irlande du Nord est appelé, lui qui ne voulait pas de ce poste, qui en souhaitait un plus prestigieux, plutôt du côté relations internationales, le voilà dans une situation délicate… Son emploi du temps, golf, bon temps dans sa garçonnière, risque d’être remis en cause. Un autre personnage se sent concerné, Davy Campbell. Il a rejoint les extrémistes, ceux qui continuent la lutte, mais va revenir à Belfast…

Les points de vue alternent entre Gerry, le ministre et Campbell, celui de Fegan restant le plus important, celui que les autres suivent, tentent de comprendre. Abîmé, il avance, cherchant la paix. Il avance dans une noirceur seulement rachetée, éclairée par Marie McKenna et sa fille Ellen. Les deux seuls êtres à peu près humains que Gerry croise. Les deux seuls êtres agissant normalement, ou cherchant une vie sans problème. Mais Marie McKenna est persona non grata après la mort de son oncle, on ne lui pardonne pas d’avoir eu une liaison avec un flic… Les flics et les catholiques ne faisaient pas bon ménage. Les ressentiments ont la vie dure.

Fegan avance en cherchant une morale, un appui, en tentant de ne pas sombrer. Les enjeux restent pourtant forts autour de lui, la paix obtenue si difficilement doit être préservée à tout prix, au prix même de certaines compromissions, d’une toute puissance des politiques après celle des factions armées… Certains d’entre eux sont d’ailleurs les mêmes, passés des armes et des attentats aux manipulations politiques. Ce sont les plus cyniques, l’argent et le pouvoir restant leur motivation principale.

En dix ans de manœuvres politiques, on a obtenu plus que vous en trente ans de guerre.

Dans ce premier roman, Stuart Neville frappe fort. Il nous malmène. Son style est somme toute classique, il passe de la description à l’action et nous offre ainsi un rythme prenant, alternant suspens, explosion de violence, questionnement intérieur. Il nous prend, nous bouscule, dans un roman particulièrement marquant. Où il s’implique aussi, l’écriture a dû en être parfois éprouvante, comme la lecture peut à certains moments en devenir exigeante. Il y a une grande sincérité dans ce roman désabusé, un quelque chose qui marque et qui fait dire que nous sommes devant un roman de grande qualité. Un roman qui m’aura rappelé d’autres lectures, celle d’auteurs m’étant apparus comme intransigeants. M’ayant bousculé. Celle d’auteurs à part, avec une voix bien à eux.

La toile de fond, cette Irlande du Nord en pleine découverte de la paix mais ne pouvant oublier les troubles des décennies précédentes, donne une grande force à l’intrigue. Comme pourrait sûrement en donner d’autres lieux de conflits, malheureusement. Stuart Neville semble à la recherche d’une manière d’exorciser un passé qui risque longtemps de peser dans les mémoires. Un passé qui n’est pas oublié, les plaies étant encore béantes, les innocents sacrifiés étant pléthore, et certains criminels ayant obtenu une impunité particulièrement nauséabonde. La paix a un prix… Quant à celle des âmes…

Une lecture que l’on n’oublie pas.

Après un tel premier roman, on a hâte de lire la suite de l’œuvre dont le nom de l’auteur est déjà à retenir, en croisant les doigts pour ne pas être déçu. Le roman suivant s’intitule Collusion.

Stuart Neville sous mes yeux

Stuart Neville a beaucoup été évoqué sur la toile, comme on l’a vu. C’est de cette manière qu’il est devenu une envie de lecture. Les blogs et les chroniques ont ce pouvoir.

Il est venu sous mes yeux, entre mes mains, pour une autre raison aussi… L’Irlande revient régulièrement occuper mes souvenirs, tout ça pour un séjour effectué un été il y a quelques temps de cela. Un séjour dans le sud, dans la république d’Irlande, à une période où les “troubles” existaient encore dans le quotidien de ceux du nord principalement, ceux de l’Ulster. Bobby Sands était encore dans les mémoires, lorsqu’on approchait de la frontière entre la république et la province rattachée au Royaume-Uni, il y avait immanquablement un moment de la soirée dans les pubs où tous se levaient pour entonner l’hymne national tournés vers ceux qui étaient des sujets de sa majesté… Bref, l’Irlande et mon été passé à l’arpenter en auto-stop m’ont marqué.

Il y a quelques temps, je me suis donc penché sur certaines lectures… J’en avais déjà eu, des lectures irlandaises, d’Oscar Wilde à James Joyce, en passant par Robert McLiam Wilson et Ken Bruen, bien sûr (pourquoi bien sûr ?). Les lectures sur lesquelles je me suis penché il y a quelques temps étaient plutôt nord-irlandaises et avaient plutôt à voir avec le polar ou le roman noir, Adrian McKinty, Sam Millar et Stuart Neville. Je parlerai sûrement d’au moins un des deux autres (devinez lequel !) mais il m’a semblé évident d’inclure Stuart Neville à mon blog après avoir lu Les fantômes de Belfast.

Stuart Neville sur la Toile

J’entame aujourd’hui un nouveau parcours de l’œuvre d’un auteur. Un auteur irlandais, nord-irlandais, sujet de sa majesté et qui a déjà marqué la paysage du roman noir, en trois romans, de ce côté-ci de la Manche, et cinq, déjà parus sur son île. Il a marqué le paysage du roman noir et cela se ressent par sa présence sur la toile, une présence déjà importante.

 Stuart Neville a donc connu la reconnaissance dès son premier roman, en 2009. Les entretiens et les articles, et autres chroniques, se sont multipliés sur le web mais la quantité à disposition ne donne finalement pas énormément d’informations, ou alors ce sont toujours les mêmes.

Le premier exemple en est l’article dans Wikipédia, un article court, à peine moins long que son original en anglais. La notoriété de l’auteur n’est pas encore suffisante pour étoffer ce que l’on sait de lui. Il est présent en français sur la plupart des sites de références. On peut ainsi lire une courte biographie de l’écrivain chez Polar Pourpre, une autre chez k-libre accompagnée de liens vers des chroniques de ses bouquins. Enfin, Jean-Marc Laherrère a chroniqué, sur Actu du Noir, tous les livres de Stuart Neville parus jusqu’ici, il ne s’arrêtera sûrement pas en si bon chemin.

Pour être complet sur les sites francophones, il ne faut pas oublier celui de l’association Cœur de livres et la petite présentation dont elle s’était fendue à l’occasion de sa venue lors de la manifestation qu’elle organise, La comédie du livre, en 2012. Cette petite présentation est d’autant plus intéressante qu’elle propose des liens vers des vidéos d’entretiens avec l’auteur, notamment celui-ci, qui permet d’approcher un peu plus le monsieur.

Pour enrichir ce bref tour d’horizon francophone, quelques pages anglophones peuvent valoir le détour.

Il y a un court entretien mis en ligne par Culture Northern Ireland, un autre entretien, un peu plus long, peut être lu sur Crime Fiction Lover, ainsi qu’un autre encore sur The Irish Post. Enfin sur The Amazon Book Review, un court article présente l’endroit où l’écrivain commet ses bouquins…

Pour terminer, et comme tout romancier anglo-saxon qui se respecte, Stuart Neville a aussi des sites officiels. Je dis bien des sites officiels, pas un, pas deux, mais trois. L’un nous présente son actualité, le deuxième, un peu plus riche a priori, met aussi l’accent sur son œuvre, le troisième n’est autre que son blog, dont les billets paraissent de manière occasionnelle.

Ces quelques pages ou sites permettent d’avoir une meilleure vision de l’auteur. Après un petit billet sur ma rencontre avec ses livres, je vous parlerai très prochainement de son œuvre.

XIII, Van Hamme, Vance et Giraud à la conclusion

Avant de passer le relais à d’autres auteurs, Van Hamme s’offre un dernier baroud dans l’univers qu’il a créé. Univers dont il est tellement familier qu’il peut s’y ébattre à son aise et s’autoriser une récréation avant de conclure en reprenant ce qu’il a déjà imaginé…

Pour la récréation, qui n’en est pas vraiment une, il quitte le continent américain et revient de ce côté-ci de l’Atlantique. En Irlande, plus précisément. Et pour que le dépaysement soit complet, ce n’est plus Vance qui est aux crayons mais Jean Giraud, excusez du peu ! Il fallait au moins celui-ci pour remplacer celui-là.

La version irlandaise est publiée en 2007. Elle se présente sous la forme d’une discussion, la confession de Kelly Brian à son ami Jason Fly. L’histoire de sa vie… Depuis ses premières prises de conscience lorsqu’il s’appelait Seamus O’Neil La version irlandaise (Dargaud, 2007)jusqu’aux dernières années où il a côtoyé son camarade à l’université de Boulder.

L’histoire part de la fameuse grève de la faim des dix de Belfast pour se liée au destin de Jason Fly/MacLane. Une nouvelle fois, Van Hamme inscrit son histoire dans l’histoire récente. Il suit les pas des républicains irlandais. Et notamment ceux de ce jeune homme dont le père meurt en prison. Seulement, l’engagement dans la lutte qu’il choisit se révèle violent et parfois sans pitié… Le doute s’instille en même temps qu’une romance tourne au drame.

C’est une intrigue qui a plus à voir avec un destin individuel dans la lutte choisie. C’est un album à part dans la série. Non seulement parce qu’il est dessiné par un autre mais aussi parce qu’il s’attache à un personnage en marge de l’histoire de XIII et qu’il nous propose son histoire en un seul opus.

Le dessin de Jean Giraud est moins neutre, moins austère que celui de Vance. Plus chaleureux. Il convient au destin de Seamus O’Neil, emporté dans le courant de l’Histoire tout en cherchant vivre son adolescence puis son entrée dans l’âge adulte comme les autres…

Le changement de dessinateur offre à Giraud la possibilité d’inventer les traits du visage de XIII, celui d’avant son opération, celui que nous n’avions jamais vu jusque là.

Et cette fois, nous savons pourquoi Jason Fly ou Seamus O’Neil est parti à Cuba après avoir, déjà, croisé Jessica Martin.

La même année paraît l’ultime opus imaginé par le duo Vance – Van Hamme. C’est Le dernier round.

Pour ce dernier opus, XIII et ses compagnons vont se trouver devant une obligation. Après une dernière tentative, ils doivent se rendre à l’évidence, ils ne peuvent plus fuir sous peine de semer les morts à leur suite. Nous les retrouvons au Mexique et, après un dernier baroud sanglant, Washington devient le centre de l’intrigue. La couverture nous l’annonçait, Jason MacLane va, cette fois, devoir affronter le Capitole et ses politiques.Le dernier round (Dargaud, 2007)

Tandis qu’en coulisse, certains tentent d’effacer des traces, d’éliminer quelques témoins gênants, un procès se prépare au congrès. Procès qui va devoir faire toute la lumière sur des événements récents dans lesquels MacLane est impliqué.

Daniel Finkelstein, le frère d’un des journalistes ayant rassemblé les documents constituant le dossier sur le mystère XIII, treizième volume de la série, est parvenu à les faire publier. Un autre document s’ajoute à ce dossier, celui qu’il a constitué lui-même à partir du témoignage de Jessica Martin et qui s’intitule The Kelly Brian Story, que les lecteurs connaissent, eux, sous le titre un autre titre, La version irlandaise, opus précédent évoqué plus haut.

Comme pour le treizième volet de la série, Van Hamme et Vance reviennent sur l’ensemble de la saga. Ils reprennent ce que nous savons déjà et l’utilise comme base pour une nouvelle intrigue. Comme pour le treizième volet, ils mettent en avant le pouvoir des médias, ce fameux quatrième pouvoir tant décrié, dénoncé, fustigé, ou encensé, c’est selon.

Ils nous offrent également une autre forme de fiction chère aux auteurs d’outre-Atlantique, le procès. Déjà abordé dans Le jugement mais sous une forme militaire, à la manière du film de Robe Reiner Des hommes d’honneur (A few good men) par exemple, et sous une forme clandestine… Cette fois, nous sommes proche de cette paranoïa qui semble aller de paire avec les Etats-Unis, de retour dans une théorie du complot et des services secrets n’obéissant qu’à eux-mêmes…

En vingt-huit ans, comme le souligne Jean Van Hamme à la fin de cet épisode, et en dix-neuf épisodes, la série aura donc balayé tout un pan de la fiction contemporaine, allant du thriller au la fiction de procès, de la course-poursuite à la politique fiction…

Après cet ultime épisode, Van Hame, comme pour d’autres séries qu’il a scénarisées, laisse la possibilité à d’autres auteurs de prendre le relais, ce que vont s’empresser de faire Iouri Jigounov et Yves Sente, férus du genre.