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Craig Johnson, Walt Longmire dans le comté de Campbell

En 2014 paraît le onzième opus de la série des Walt Longmire, Any Other Name. Il est publié l’année suivant la parution des deux précédentes aventures du shérif du comté d’Absaroka, La Dent du serpent et Steamboat, deux romans nous offrant le moins bon et le bon, non loin du meilleur, de cette série. Sa traduction par la fidèle Sophie Aslanides est parue il y a quelques semaines, deux ans après celle du dixième et un an après celle du neuvième (oui, je sais, c’est un peu bizarre, mais c’est comme ça)…

 

C’est le troisième hiver que nous vivons dans le comté d’Absaroka. Trois ans se sont écoulés dans sa vie depuis l’apparition en littérature du shérif du comté le moins peuplé de l’état le moins peuplé des Etats-Unis.

Noël vient de passer, Longmire attend à un passage à niveau que l’un de ces trains interminables transportant le charbon en finisse de bloquer sa progression. Il est plus Tout autre nom (Gallmeister, 2014)patient que son passager, Lucian Connally, son prédécesseur et ancien patron, qui descend pour fumer sa pipe. C’est pour rendre service à ce dernier que le shérif a accepté de l’accompagner dans le comté de Campbell, voisin de celui d’Absaroka, où il ne peut refuser la demande qui lui a été faite.

L’hiver est là et la neige tombe tandis que les deux hommes, accompagnés du Chien, ouvre la porte de la maison ou Lucian voulait se rendre. Ils sont à Gillette et descendent au sous-sol pour rencontrer la femme qui vit là, Phyllis Holman. Elle n’accepte pas la disparition de son mari, Gerald, qui s’est suicidé deux semaines plus tôt dans la chambre d’un motel de deux balles dans la tête. C’est pourquoi elle demande à Lucian de l’aider à comprendre et, bien sûr, c’est Walt qui va s’y coller sur cette affaire que le shérif du comté, Sandy Sandburg, a déjà classée. Il s’y consacre alors qu’il devrait avoir la tête ailleurs et aimerait bien être bien plus à l’est, à Philadelphie où Cady, sa fille, est sur le point d’accoucher.

Gerald Holman, retraité mais souhaitant toujours exercer, avait été affecté aux affaires non résolues et les dossiers auxquels il se consacrait intriguent Walt Longmire. Trois disparitions de femmes dont une particulièrement récente curieusement déjà considérée comme non résolue, une basque exerçant dans une boîte de strip tease, Jone Urrecha.

 

On retrouve avec plaisir le shérif du comté d’Absaroka, après qu’il se soit replongé avec Lucian dans ses souvenirs juste avant Noël dans Steamboat et alors qu’il récupère à peine de son affrontement avec l’Eglise apostolique de l’Agneau de Dieu raconté dans La dent du serpent. Il n’est pas le seul à avoir dû récupérer et les habitués arrivent au fur et à mesure, Lucian est déjà là, Ruby, la standardiste lui passe un appel de sa fille, Cady, Vic Moretti revient de vacances… et Henry Standing Bear finit, bien sûr, par faire son apparition, de manière originale.

Longmire est une fois de plus lancé, on sait qu’il va avoir du mal à s’arrêter, comme un chien sur une piste ou un bison à travers les plaines. Il est lancé et il croise une fois de plus quelques spécimens, un flic plein de convictions et ayant oublié d’être aimable au point que le diminutif de son prénom lui va comme un gant, un jeune policier plein d’enthousiasme, des propriétaires de motel d’origine indienne (d’Inde), un postier, un ancien espoir du football, celui qui se joue avec les mains, une femme infirme écrivant les sous-titres des émissions en direct, une propriétaire d’une boîte de strip tease et sœur de shérif, …

Une autre activité du coin est mise en avant, après le pétrole, l’élevage de chevaux, c’est au tour du transport du charbon. Une ponctuation qui revient régulièrement au long du roman. Tout comme l’évocation des roses, présentes dès le titre, une nouvelle référence à Shakespeare.

Les morceaux de bravoures ne manquent pas, une nouvelle poursuite dans le blizzard aussi prenant que les deux précédentes, une autre le long d’une voie ferrée, font la part belle à l’action. Les coups de feu sont toujours aussi peu nombreux mais toujours aussi importants, marquants.

 

C’est vrai qu’on pourrait avoir l’impression que les enquêtes de Longmire tournent en rond, se répètent, mais j’ai trouvé cette aventure plus réussi que La dent du serpent, qui elle ne l’était pas vraiment, et aussi prenante que Steamboat. La lassitude n’est pas encore là, le fait d’aller dans un autre comté permet peut-être de l’éviter, mais c’est vrai qu’en refermant le livre, on peut se dire que l’aspect roman populaire, avec ses multiples rebondissements et cette propension qu’a le shérif à se jeter systématiquement dans la gueule du loup, de chercher les ennuis et d’en réchapper comme les Pearl White, Judex ou autre Fantomas, au temps du cinéma muet, est ce qui nous tient encore… jusqu’à quand ?

Toujours est-il que j’ai pris plaisir à lire cet épisode et que je croise les doigts pour le suivant, une histoire d’os secs, jouant sur les mots, et peut-être une nouvelle référence à Shakespeare.

5 réflexions sur “Craig Johnson, Walt Longmire dans le comté de Campbell

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    • J’ai tendance à lire aussi dans l’ordre les bouquins des auteurs, surtout quand il s’agit d’une série.
      Pour ce qui est de la soupe, pas de souvenir qu’il en consomme, ça aurait pourtant eu quelque chose de savoureux… et Warhol chez Longmire, il y aurait eu un certain décalage !

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      • C’est toujours bête lorsqu’on ne lit pas dans l’ordre d’apprendre un fait important d’un tome précédent, comme le nom d’un coupable 😆

        Longmire est déjà décalé à lui tout seul…

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